Vers la découverte des AQP


La membrane des cellules : une mosaïque fluide

  En 1925, on sait déjà que la membrane plasmique est composée d'une bicouche de phospholipides. Les phospholipides sont des types de molécules possédant une "tête" hydrophile (soluble dans l'eau) et une "queue" hydrophobe constituée de deux chaînes d'acides gras. Une telle molécule, dont une extrémité est hydrophile et l'autre hydrophobe, est dite amphipathique ou amphilitique. 

Structure et composition d'un phospholipide 

 
  L’être vivant est composé à 80% d’eau, comment l’eau peut-elle traverser la membrane de la cellule ? L'hypothèse de l'existence de canaux protéiques implantés dans les membranes  cellulaires et permettant ainsi un échange rapide de molécules d’eau entre une cellule et son millieu extérieur, a souvent été évoquée. En 1970 déjà, Robert Macey montrait que la perméabilité à l'eau des globules rouges était bien supérieure à celle correspondant à une bicouche lipidique, et que cette propriété était fortement réduite lorsque les cellules étaient traitées avec des agents mercuriques connus pour complexer les protéines membranaires

  En 1972, Jonathan S. Singer et Garth L. Nicholson décrivent le modèle aujourd'hui universel de la mosaïque fluide. La membrane est toujours organisée en bicouche mais les têtes polaires des phospholipides sont directement en contact avec l'eau. Les protéines membranaires « flottent » dans ou en surface des lipides constituant la membrane.


Le modèle de la "mosaïque fluide"  de Singer et Nicholson



La mise en évidence d'un type de canaux hydriques  : les aquaporines 

  En 1974, l’équipe de Jacques Bourguet mettait en évidence pour la première fois, grâce à la microscopie électronique, la présence de protéines intramembranaires correspondant à des canaux hydriques sur des vessies d’amphibiens dont la perméabilité osmotique était augmentée par la vasopressine (hormone antidiurétique).

  Dans les années 80, Jean Pratz et son équipe démontraient que des protéines membranaires permettant le passage de l’eau existaient non seulement à la surface des globules rouges, mais aussi dans les membranes des cellules rénales responsables de 80% de la réabsorption de l’eau filtrée par le rein.

 
   C’est en 1991 que Peter Agre, alors à la recherche de protéines antigéniques, isolait à partir de cellules de foie fœtal un ADN complémentaire d’une protéine d’un poids moléculaire d'à peu près 28 kD. L’année suivante, il démontrait que cette protéine exprimée dans des ovocytes d’un batracien, le Xénope, augmentait la perméabilité à l’eau de ces ovocytes, et qu'elle pouvait être inhibée par des agents mercuriques, comme l'avait observé Robert Macey. Cette découverte fut la première mise en évidence directe d’un type de protéine capable de faciliter les mouvements d’eau à travers une membrane biologique : c'est l'aquaporine.





  Depuis 1991, beaucoup d'autres protéines de ce genre ont été découvertes et agrandissent ainsi la famille des aquaporines. Toutes laissent passer sélectivement les molécules d’eau (et parfois le glycérol). 
On notera cependant que l'aquaporine 4 semble être une exception à cette inhibition puisque le mercure ne désordonne pas sa structure et n'influe pas sur son fonctionnement, contrairement aux autres aquaporines.
A l’heure actuelle, près de 200 aquaporines ont été répertoriées, aussi bien dans le règne animal que végétal et on en connaît notamment 10 chez l'Homme. Celles-ci sont notées "AQP" suivi d’un chiffre (entre 1 et 10) qui correspond à leur ordre chronologique de découverte.



     Les aquaporines de l'organisme humain                  









Sources :



1 commentaire: